Jusqu’il y a quelques années, les influenceurs en agriculture étaient plutôt rares sur la toile. Pourtant, les médias sociaux sont devenus le nouvel espace d’information dans le domaine de l’agriculture. On peut y trouver et partager des données, des alertes et des conseils agricoles. Le saviez-vous ?
Khawla Seif, consultante agronome indépendante, nous partage son expérience en tant qu’influenceuse en agriculture. Nous en apprenons un peu plus sur le rôle que les influenceurs, les influenceuses, peuvent jouer dans un domaine tel que l’agriculture en France et dans le monde.
La réalité de l’expansion des médias sociaux dans le monde en quelques décennies
Le monde évolue à un rythme rapide d’une génération à l’autre. Cette évolution s’accompagne d’une progression fulgurante des réseaux sociaux numériques. Ainsi, plus de 3,4 milliards de personnes, soit 45% de la population mondiale, utilisent activement les médias sociaux.
Comme nous pouvons le constater, chaque génération est plus impliquée dans les réseaux sociaux par rapport à la précédente. C’est en partie grâce à l’énorme progrès des outils et fonctionnalités de ces médias, toutes plateformes confondues : Facebook, Instagram, Twitter, LinkedIn, Tiktok, Youtube et bien d’autres.
Aujourd’hui, nous pouvons constater que chaque plateforme ou application est développée avec une approche centrée sur un type d’utilisation dominant.
- Par exemple, LinkedIn est à dominante professionnelle. C’est l’endroit pour aider les personnes à trouver des emplois ou à partager leurs compétences et réalisations.
- Facebook sert désormais au partage de photos du quotidien, d’opinions et permet les interactions entre frères et sœurs, avec la famille et amis éloignés. C’est là aussi que les marques s’expriment et maintiennent la relation avec leurs communautés.
- Twitter est davantage une plateforme politique pour partager des nouvelles du monde entier et des informations à la pointe.
- Enfin, Tiktok est la nouvelle tendance pour devenir célèbre en partageant de courtes vidéos. Les internautes préfèrent désormais les publications visuelles et infographiques, en particulier les courtes vidéos divertissantes.
Mon incroyable parcours en tant qu’influenceuse en agriculture
Parlons maintenant de mon expérience en tant qu’influenceuse réseaux sociaux dans le domaine agricole. Je vous explique comment j’ai pu obtenir des offres d’emploi et des clients en partageant mes connaissances et mes compétences sur l’agriculture et l’élevage !
Traditionnellement, l’agriculteur ou l’ingénieur agronome est une personne un peu à l’écart dans la société. Il produit ou apporte seulement un appui technique.
Cependant, avec l’avènement des réseaux sociaux, l’agriculteur ou l’agricultrice a découvert sa propre manière de contribuer à changer le monde pour le mieux. Ils préparent désormais du contenu créatif qu’ils partagent. Ils enseignent à leurs abonnés comment planter, comment agir pour protéger leur environnement et renouer avec la nature. Et c’est souvent fait de façon originale !
Comment j’ai gagné de l’argent avec Twitter
J’ai commencé mon parcours sur les réseaux sociaux pour la plus étrange des motivations. Littéralement, ma rupture et mon chagrin d’amour m’ont amenée à me rapprocher de mon rêve. J’ai voulu me détacher des médias sociaux, et j’ai donc supprimé toutes les applications et téléchargé uniquement Twitter.
J’ai gagné plus de 3.000 followers (abonnés) la première année, uniquement en partageant mes connaissances en agriculture. J’étais seulement dans ma troisième année d’université et je suis devenue très connue dans mon pays, le Liban. Je me souviens même qu’un médecin de l’AUBMC (American University of Beirut Medical Center) m’a laissé sa place de parking dans la rue Hamra à Beyrouth au Liban. Il criait en pleine rue : « C’est la fermière ! ». Ah ah !
J’ai rapidement gagné en confiance. Comme j’étais très appréciée, j’ai pu donner des consultations privées rémunérées à 50 dollars. Il faut y ajouter le remboursement des frais de transports pour les visites sur le terrain. Ainsi, j’ai gagné 1.500 dollars par mois en revenu fixe.
C’est à ce moment-là que j’ai réalisé à quel point les réseaux sociaux pouvaient m’aider à gagner de l’argent, et ainsi atteindre la stabilité et l’indépendance financière que j’avais toujours souhaitées.
A ce stade de mon récit, je crois avoir prouvé que nous, en tant qu’agriculteurs et agronomes du millénaire, pouvons gagner cinq fois plus d’argent grâce aux réseaux sociaux qu’avec la seule production agricole.
De nouvelles opportunités grâce à la démonstration de mes compétences avec Twitter
Au cours de ma quatrième année d’université, j’ai voulu acquérir plus d’expérience, sortir de ma zone de confort et devenir plus internationale. Je voulais aussi développer plus de relations avec des personnes en dehors du Liban. J’ai donc postulé à un master à Montpellier SupAgro (aujourd’hui L’Institut Agro Montpellier), en France.
C’est ainsi que j’ai rencontré Nathalie Agbagla, chargée d’enseignement, et fondatrice de Watnowa et également consultante en réseaux sociaux.
La cinquième semaine de cours, mes camarades de classe et moi sommes allés à Narbonne, dans le sud de la France, pour un travail de terrain. Après une longue journée de travail acharné, nous avons dîné avec les responsables de la formation Eau, Sol et Environnement. C’est alors que le Professeur François Colin, expert en hydrologie et sol, a déclaré qu’il avait consulté mon profil Twitter et que c’était l’une des raisons pour lesquelles j’avais réussi ma candidature et à rentrer dans le Master. Dingue, n’est-ce pas ?
L’apport de LinkedIn à ma visibilité en tant que spécialiste de l’agriculture et de l’eau
Je vous raconte un autre moment excitant pour démontrer que les réseaux sociaux peuvent être bénéfiques s’ils sont utilisés à bon escient. J’ai suivi un cours d’une journée complète avec Nathalie. Elle a expliqué l’influence des réseaux sociaux et leur utilisation pour obtenir un emploi et partager des connaissances. Nous avons discuté. Elle m’a conseillé de créer un profil LinkedIn et d’y devenir plus active, à l’instar de ce que je faisais déjà sur Twitter. Alors, j’ai décidé d’être plus professionnelle et de devenir une influenceuse sur les réseaux sociaux dans le domaine de l’agriculture afin de gagner de l’argent.
Je suis devenue pleinement active, publiant 5 tweets par jour. J’ai commencé à gagner plus d’abonnés, 2.000 sur LinkedIn, 9.000 sur Twitter, et j’ai ouvert une page Instagram.
Mais, entre-temps, le monde a commencé à s’effondrer. Le Covid-19 s’est propagé, les frontières des pays ont été fermées pendant longtemps, l’économie du monde entier a été perturbée. Mon pays bien-aimé a fait face à une triple crise, financière, politique et monétaire en octobre 2019. La LBP (livre libanaise) a perdu 80 % de sa valeur.
J’ai alors décidé de retourner dans ma patrie dans l’espoir d’apporter à mon peuple la meilleure aide possible.
Lancer ma propre entreprise et attirer des opportunités, grâce à ma notoriété sur les réseaux sociaux
Pour en revenir à mon parcours d’influenceuse agricole sur les médias sociaux, le fondateur d’une ONG locale m’a approchée grâce à mon compte Twitter. Je me suis vue offrir un très bon salaire seulement un mois après mon retour au Liban. C’était extrêmement satisfaisant pour moi.
Plus tard cette année-là, j’ai lancé mes propres entreprises : « Khawla Natural Products » et « Tin w Zeytoun ». Ces entreprises offraient du conseil technique et vendaient des produits tels que la mouneh libanaise et les fruits crus.
Grâce à ma présence sur Facebook, Instagram et Twitter, j’ai de nombreux clients qui me soutiennent et font confiance à mon travail.
J’ai ainsi pu épargner dans les 15.000 dollars.
Les chaînes de télévision les plus connues au Liban (MTV, Jadeed Tv et NBN) m’ont contactée. Elles m’ont proposé de faire des interviews sur les futures stratégies agricoles, les avancées technologiques dans le domaine et le manque de sécurité alimentaire du pays.
En plus, je suis apparue dans un documentaire sur MTV.
Mais rien ne dure éternellement, et un an plus tard, la crise libanaise s’est renforcée. Nous avons manqué de carburant dans tout le pays, ainsi que de matières première, et connu des pannes d’électricité. Nous n’avons pas pu continuer à livrer nos produits ou même garder nos produits en bonne qualité.
La plupart des entreprises n’a pas pu supporter tous ces effondrements.
Nous avons donc dû arrêter la production et nous concentrer uniquement sur la pépinière pour continuer à vendre des plants et à payer les salaires.
Six mois plus tard, je me suis retrouvée moins active en raison de la faiblesse de l’Internet et du manque de sécurité au Liban. J’ai quitté le pays pour chercher du travail en Arabie Saoudite, où j’ai un visa de résidence. Je peux continuer à poursuivre mon rêve d’entrer dans le top 5 des influenceurs agricoles et environnementaux sur les réseaux sociaux dans le monde.
Je suis arrivée en Arabie Saoudite le 1er janvier 2022, et n’ai posté qu’une seule demande sur LinkedIn. J’y suis très active : je partage des données sur l’agriculture, ainsi qu’une partie de mon expertise. J’explique donc que je recherche une opportunité d’emploi à Djeddah, et heureusement, je reçois de nombreuses offres. Je suis régulièrement sollicitée pour des consultations privées dans divers villages de l’Arabie Saoudite. C’est à cette période que Nathalie Agbagla m’a recontactée, me demandant si je pouvais devenir consultante à Watnowa, ce que j’ai accepté avec plaisir. Ce fut un plaisir de travailler à développer des analyses et produire des rapports avec deux femmes puissantes comme Nathalie et Kelly Fouchy.
Alors, être une influenceuse en agriculture, est-ce un coup de chance ou une tendance gagnante ?
Grâce aux réseaux sociaux, à 26 ans :
- j’ai maintenant un travail et de l’expérience conséquente,
- je parle couramment trois langues,
- j’ai vécu dans trois pays (Liban, Arabie Saoudite et France),
- je travaille comme consultante agricole à temps partiel, formatrice agricole à temps partiel, et ingénieure paysagiste à temps plein,
- et je gagne de l’argent en étant influenceuse sur les réseaux sociaux,
le tout dans un domaine fortement dominé par les hommes au Moyen-Orient.
C’est là que j’ai commencé à réfléchir davantage sur le sujet :
- est-ce juste une nouvelle tendance,
- est-ce juste de la chance,
- ou est-ce un travail acharné de ma part, qui m’a permis de parvenir là où je suis aujourd’hui ?
Du coup, j’ai fait un sondage sur LinkedIn et Twitter pour vérifier 1) si des personnes sont vraiment intéressées par le sujet de l’agriculture ou pas. Et 2) si un contenu sur ce thème semble intéressant à “suivre” pour le public.
Le sondage sur Twitter a révélé que de nombreuses personnes s’intéressent au contenu agricole. Un commentateur a notamment mentionné que les individus sont devenus plus conscients et plus curieux de l’importance de la sécurité alimentaire après la catastrophe de Corona virus.
“Oui. Je souhaite que les influenceurs agricoles partagent plus d’informations sur la culture, comme la fabrication de nutriments et d’engrais organiques pour aider les plantes, même les pesticides non chimiques, et personne ne donne de conseils sur la façon de cultiver nos propres légumes dans les zones urbaines et surpeuplées, et comment faire la distinction entre différents types de la même espèce.“
@IbrahimKalot6
Une plus grande sensibilisation est nécessaire à plusieurs niveaux, y compris l’agriculture urbaine et les réussites, la plantation sur les toits ou à l’intérieur en utilisant l’énergie solaire à mesure qu’elle devient plus disponible. De nombreux sujets peuvent stimuler de nouvelles industries et inspirer les gens, et les podcasts peuvent également aider.
@palozfirst
Et vous, quel est votre avis sur la question ? Laissez un commentaire !
Les 5 meilleurs influenceurs en agriculture dans le monde, selon Watnowa
Watnowa a décidé de vous proposer une liste de cinq principaux influenceurs agricoles que nous suivons dans l’équipe.
Le Top 5 de nos influenceurs préférés en agriculture :
- Le Moo-tuber : Tom Pemberton, producteur laitier, YouTube 230k abonnés, Instagram 57k abonnés.
- Le Dr. agrometeorology : Serge Zaka, agroclimatologiste, Twitter 31k, Linkedin 13k followers, Instagram 2k followers.
- L’entertainer : Ally Hunter Blair, arable farmer, Twitter 12k, Instagram 10k followers.
- Le regenerative : Sébastien Roumegous, spécialiste du sol et agriculture régénérative, Linkedin 16.7k followers, Twitter 1.7k followers.
- Le fan d’agriculture en eau salée : Mark Tester, spécialiste en botanique, LinkedIn 6k followers.
Nous suivons aussi le hashtag #FrAgTw sur Twitter et LinkedIn. Ce Hashtag rassemble une communauté d’agriculteurs français parlant de leurs activités quotidiennes et de leurs combats. Ils partagent leurs succès, leurs inquiétudes et engagent la discussion avec un large public.
Comme vous pouvez le constater, aucune femme ne se trouve parmi nos 5 premiers influenceurs en agriculture. Peut-être pouvons-nous changer la donne ? Et contribuer au mouvement de partage des connaissances agricoles et sur l’agriculture sur les médias sociaux ? Que pensez-vous de cela ?
En fait, les influenceurs agricoles peuvent aller de la génération perdue (1883-1900) à celle qui utilise le plus les médias sociaux : la génération Z (1997-2012).
Les sujets sur l’agriculture sont très divers, logiques : ils pourraient être simplifiés. Les contenus sont très concrets, et remontent aux premières découvertes sur Terre. Ils suscitent la discussion, ce qui fait qu’ils sont partagés avec succès sur les réseaux sociaux numériques, avec toutes les générations.
Il est donc possible d’apporter des informations et conseils utiles sur l’agriculture, les cultures, l’élevage sur les réseaux sociaux. Et en devant des influenceurs en agriculture, vous pouvez gagner de l’argent grâce à des opportunités de postes qui se présentent, des propositions d’interventions, des idées d’entreprise, etc.
A votre tour ! Partagez vos expériences ou vos questions !
Vous pouvez retrouver Khawla sur Twitter, LinkedIn et Instagram.